Yun Wang : artiste de Yangzhou en séjour aux Beaux-Arts à Angers

Yun Wang est artiste peintre et enseignante à l’université de Yangzhou. Dans le cadre d’une bourse accordée aux enseignants en Chine, elle s’est rendue à l’École des Beaux-Arts à Angers (ESBA TALM) durant le premier semestre 2012-2013 en tant qu’artiste et professeur invitée.

 wangyun

D’où venez-vous et quand avez-vous commencé à étudier la peinture ?

Je suis de Yangzhou, une ville de la province du Jiangsu, très célèbre pour ses paysages magnifiques. En ce qui concerne la peinture, en fait j’ai commencé par étudier la calligraphie dès que je suis entrée à l’école primaire, car mon père aimait beaucoup, et c’est en dernière année que j’ai commencé à dessiner puis à peindre.

Par la suite, je suis entrée à l’université normale de Nankin en spécialité peinture où j’y ai effectué une licence en 4 ans, puis un master de recherche en 3 ans également en spécialité peinture. Une fois diplômée, je suis devenue professeur de peinture à l’université de Yangzhou.

Pourquoi avoir choisi la France pour votre séjour ?

Depuis  le collège je m’intéresse à la France, car c’est à cette époque que j’ai découvert de grands auteurs français tels que Balzac (j’ai dû lire les trois quart de ses œuvres, j’aime énormément), Hugo, Flaubert… Du collège jusqu’à l’université je lisais beaucoup d’ouvrages de cette époque (19ème siècle). A partir de l’université, je me suis intéressée à des auteurs plus contemporains, tels que Marguerite Duras.

J’aime également les films français, certains réalisateurs comme Luc Besson ou encore des actrices comme Juliette Binoche qui, par ailleurs, peint également, elle est vraiment talentueuse.

Evidemment en ce qui concerne les artistes peintres français, il y a tant de choses à dire que je ne saurais pas par où commencer. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs musées, mais si je devais en choisir un, je crois que Manet est celui que je préfère. Sa façon de peindre est très noble, pour moi, il est l’un des meilleurs du mouvement impressionniste. Depuis que je suis arrivée en France, je comprends mieux cette façon de peindre le ciel, j’adore le ciel en France. Le ciel dans l’impressionnisme est toujours peint avec des couleurs bien distinctes, bleu, gris, c’est magnifique.

115

C’était la première fois que vous venez en France ?

C’est la première fois que je viens en France. Le gouvernement a proposé des bourses pour partir en Europe, puis sur sélection j’ai été choisie. J’avais également demandé une école en Angleterre mais j’ai préféré venir ici. Ensuite le lien avec Angers a été assez simple, j’ai une collègue qui est diplômée de l’école des Beaux-Arts à Angers, donc elle m’a conseillé, et plutôt bien je dois dire.

Quel est le but de votre venue à l’école des Beaux-Arts à Angers ?

Le directeur de l’école avait prévu que je vienne faire deux conférences puis une exposition de mes œuvres. J’ai préparé une conférence sur la calligraphie chinoise et une autre sur la peinture traditionnelle chinoise, mais cette dernière n’a pas rencontré autant de succès que celle sur la calligraphie auprès des étudiants de l’école, c’est peut-être un peu trop compliqué pour eux.

Par ailleurs, ce séjour était également prévu pour que j’observe la façon d’enseigner des professeurs français, la pédagogie appliquée, le matériel utilisé… Aujourd’hui en Chine un grand nombre d’écoles et d’universités construisent des relations avec des établissements du monde entier. Le gouvernement fait des efforts dans ce sens-là. Ces échanges permettent de pouvoir envoyer des étudiants mais également des professeurs, comme moi durant ces 6 mois à Angers.

Actuellement, des réformes sont en cours afin d’améliorer les conditions d’enseignement au sein de notre établissement, le but est donc de m’inspirer de ce que j’ai pu voir ici et de l’adapter à Yangzhou dans la mesure du possible.

Je suis la première enseignante à avoir été envoyée dans ce cadre, donc il faudra du temps pour que le changement se remarque, mais d’autres repartiront après moi, cela se fera de manière progressive.

3 13

Comment se passent les relations avec les étudiants à Angers ?

Je ne parle pas français, donc je n’ai pas beaucoup de contacts avec les étudiants français, la plupart du temps je suis en contact avec les étudiants chinois, ils sont 5 aux Beaux-Arts à Angers. Ils ont une licence en Chine et sont en deuxième année de licence ici car il faut qu’ils améliorent leur niveau de français. Leur objectif est d’ensuite poursuivre par un master, donc ils ont prévu de rester au moins 4 à 5 ans en France.

Qu’est-ce que vous avez préféré à Angers ?

Je trouve que la vie ici est très tranquille, il n’y a pas cet esprit de compétition comme en Chine. Il y a trop de monde en Chine, la concurrence y est omniprésente, les opportunités sont donc réduites, il faut redoubler d’efforts. Ici, j’ai le sentiment d’avoir plus de temps pour moi. Je trouve que la qualité de vie est plus élevée en France. J’ai d’autres collègues qui sont partis aux Etats-Unis, et eux aussi trouvent qu’à l’étranger la pression redescend, on se sent plus libre. Je trouve aussi que la France est pourvue d’une dimension artistique exceptionnelle et encore une fois d’un ciel magnifique ! J’ai visité le musée des Beaux-Arts et le Château d’Angers, c’est très joli.

Avez-vous eu l’occasion de voyager durant votre séjour en France ?

J’ai pris une cinquantaine de jours pour aller visiter le plus de musées européens possibles (Espagne, Italie, Vienne, Allemagne, Pays-Bas…). Ils ont tous leurs particularités, donc je ne pourrais pas dire lequel j’ai préféré. Par contre, j’ai pris beaucoup de photos, fait beaucoup de vidéos car les spécialités de nos étudiants varient principalement entre la calligraphie, la peinture traditionnelle chinoise, la peinture à l’huile et la sculpture. Ils ne connaissent pas très bien les œuvres contemporaines européennes, cela permettra de les ouvrir à d’autres horizons.

Qu’en est-il des enseignants ?

Du côté des enseignants, certains enseignent la peinture européenne, mais principalement jusqu’à l’époque de Picasso. Pour les périodes plus contemporaines, leurs connaissances sont relativement limitées, mais ça commence car de plus en plus de magazines en parlent et des expositions sont également organisées en Chine.

6 14