Les origines de l’art en Chine (partie 2)

Une conférence de Christophe COMENTALE

Le jeudi 13 avril 2023
À 18h30
À l’Institut Municipal
9 rue du Musée, 49100 Angers
Entrée gratuite

Les origines de l’art moderne et contemporain en Chine, du 19e au 21e siècle (partie 2)
Une longue histoire du raffinement

L’Ouest souhaite comprendre l’Est et vice versa. Depuis des siècles, la diversité de ces deux régions du monde produit des images qui se succèdent entre continuité et ruptures.

PARTIE 2 : Cinq artistes, cinq axes de la grandeur de la peinture chinoise.

Avec l’entrée à l’OMC en 2001, le marché mondial change d’échelle et de valeurs : le prix d’une œuvre de Zhang Daqian dépasse celui d’une création de Picasso ! La création devient esthétique d’interprétation qui sait faire vibrer un sentiment puisant au génie de la civilisation. En focalisant ainsi le champ de son invention, cet art intensifie la qualité de son expression et, même l’avant-gardisme qui renvoie à une conception individualiste de la création, ne peut échapper à cette action d’un art de la diversité fédératrice laissant cependant toute sa puissance à chaque créateur.

Comme le prône Yang Ermin (1971, Hebei), depuis bientôt trois décennies, le lavis doit remplacer la peinture à l’huile : « la norme en art contemporain est celle du monde, c’est à l’aune de l’humain qu’elle s’est forgée. Au siècle dernier, des hommes comme Xu Beihong, Lin Fengmian, ont, après des séjours longs en France, préconisé qu’il fallait réformer la peinture chinoise au lavis, ce que reconnaissent les hommes d’aujourd’hui. Il leur a fallu s’intégrer dans une sorte de norme mondiale. L’un des points ignorés dans le domaine de la peinture moderne est que l’utilisation traditionnelle de la couleur dans la peinture au lavis est encore limitée à une conception ancienne dans laquelle il n’y a aucune place pour des couleurs intenses. Dès le siècle passé, les artistes chinois ont lutté pour changer ce statut en voulant redonner un certain impact à la couleur plutôt qu’à l’encre. Lin Fengmian a su trouver le juste milieu entre l’encre sombre et la couleur forte. Ce type d’approche n’a pas fait école, cependant, une nouvelle forme de peinture à l’encre devient de plus en plus présente. Dans la Chine d’aujourd’hui, la peinture qui sollicite le lavis d’encre en binôme avec une couleur intense, forte est devenue plus présente, elle va être le principal courant de l’art chinois ». Nous sommes maintenant – dit-il encore – dans un monde de la couleur, pourquoi la peinture au lavis devrait-elle se limiter à l’utilisation de l’encre ? Est-ce lié à son seul nom de lavis d’encre ? Chers collègues, si vous vous livrez à des essais sur du papier de riz, ajoutez davantage de couleur à vos œuvres ! Vous obtiendrez ainsi de merveilleux effets ! ».


Christophe COMENTALE est docteur en histoire de l’art et sinologue, conservateur au musée de l’Homme et chargé de cours de civilisation chinoise à l’École nationale supérieure des arts décoratifs.

Auteur des Images porte-bonheur en Chine (2004), Gays et lesbiennes en Chine (2005), Portraits de créateurs chinois (2009), Cent ans d’art chinois (2010), Le Livre des livres d’art (2013), L’Acupuncteur qui l’emportait sur les chiens (2014).

Christophe COMENTALE a été commissaire de plusieurs expositions, notamment celle de Taipei en 2007 intitulée Le livre d’artiste, de Matisse à l’art contemporain.