1940 – 2010, de l’argentique au numérique, une histoire de la photographie chinoise

Depuis l’apparition de la photographie digitale, le photojournalisme est bouleversé. Avec l’invasion des ordinateurs, tablettes et smartphones, les médias traditionnels sont sur le point de disparaître. Les photographes chinois se posent les mêmes questions que les occidentaux, mais les réponses diffèrent, de par leurs traditions mais aussi à cause des différences politiques. En effet, la création artistique chinoise ne bénéficie presque pas d’aide publique, sauf au risque d’abandonner sa marge de manœuvre. Les artistes photographes cherchent et trouvent les moyens de rester à la pointe de la création, tout en gardant leur sourire et leurs craintes. Cette conférence couvre la période allant de Sha Fei – photographe presque inconnu en Occident, fondateur du premier bataillon de soldats photographes pendant la guerre contre le Japon – aux photographes plasticiens contemporains, adeptes du tout numérique.

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Sha Fei, « Le tireur de pousse-pousse »

Alain Jullien est commissaire d’exposition. Co-fondateur des festivals de photographie de Pingyao (2001), Lianzhou (2006), de la Biennale internationale de la photographie de Canton (2005), il est le commissaire principal de la 3e édition de l’Exposition internationale de photographie de Dali en 2011. Alain Jullien est également commissaire de nombreuses expositions hors de Chine – dont « Pingyao à Paris » (2004), « Dans la ville chinoise » et « Regards sur le Guizhou » au Palais de Chaillot (2009, 2013) -, en particulier dans le cadre de manifestations dédiées à la photographie telles que Les Rencontres d’Arles, Photo-Quai, Les Rencontres photographiques de Lorient, Le Mois de la Photographie de Moscou. Alain Jullien enseigne au sein du département de photographie de l’Université de Tongji à Shanghai.

Une conférence d’Alain Jullien.

Le jeudi 17 avril 2014 à 18h30.

L’Institut municipal : 9 rue du Musée – 49100 Angers.

Conférence gratuite ouverte à tous les publics.

« Regards sur le Guizhou »

L’idée d’articuler la valorisation du patrimoine, matériel et immatériel, des sites remarquables chinois à la constitution d’un fond photographique s’impose comme une évidence. Quel autre medium que la photographie peut mieux exprimer la co-présence de l’événement et de sa trace, de la réalité et de sa propre disparition ? De surcroît, les paysages de Chine, en proie à des transformations profondes et rapides, se prêtent tout particulièrement à l’expérience singulière du « ça a été » cher à Roland Barthes.

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Le projet Archives on Recent Past du WHITRAP et de Kanyikan, auquel collabore la Cité de l’architecture et du patrimoine, par le truchement de l’Observatoire de la Chine contemporaine, répond à la volonté de constituer une archive photographique du patrimoine chinois. La province du Guizhou, premier site choisi pour ce projet, est ici réfractée dans l’objectif de deux photographes, Christopher Taylor et Luo Yongjin. L’un est chinois, l’autre européen. Ce sont pourtant leurs proximités qui frappent.

21-wugongcun-image 24,6 x 30,8cm (tirage 30,5 x  37,5cm)luo_sun-shade_zhongbao

Les images à deux yeux qui sont exposées arborent une même extériorité. Elles sont impassibles, presque indifférentes. Il ne s’agit pas pour leurs auteurs de magnifier l’ordinaire, ni davantage d’esthétiser le banal par un supplément artistique, mais au contraire d’inscrire leur travail photographique dans une tension féconde entre art et documentaire.

Paysages du regard (extrait), Guy Amsellem, président de la Cité de l’architecture et du patrimoine

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Luo Yongjin, né en 1960 à Pékin, est spécialisé dans la photographie d’architectures contemporaines et ordinaires ainsi que la photographie des traces et détails de la culture vernaculaire. Formé à l’Académie des Beaux Arts de Hangzhou et à Canton, il a travaillé comme photographe et caméraman à la CCTV (Télévision centrale de Chine). Il enseigne la photographie à l’Institut de Design de Shanghai.

Christopher Taylor, né en 1958 à Skegness (Grande-Bretagne), résidant en France, est connu pour son travail sur la culture immatérielle et sur les paysages, en Chine, en Inde et en Islande.

Une exposition co-produite par la Cité de l’architecture et du patrimoine (Cité) et l’Institut de formation et de recherche pour le patrimoine mondial de la région Asie-Pacifique, Shanghai (WHITRAP), avec le soutien de la fondation Maison des Sciences de l’homme, présentée à la Cité en juillet-août 2013.

En marge de l’exposition, l’Institut Confucius invite Alain Jullien pour une conférence le 17 avril et Alain Marinos le 15 mai 2014 à l’Institut municipal d’Angers.

Exposition à l’Institut Confucius du 17 avril au 25 juin 2014.

Renseignements : 02 41 95 53 52 – bienvenue@confucius-angers.eu

L’art du jardin en Chine : de la tradition millénaire à la création contemporaine

Le jardin chinois constitue certainement l’une des formes d’expression artistique les plus accomplies que la Chine traditionnelle ait léguées. Son concept – intimement lié aux autres formes d’art telles la peinture, la poésie, la calligraphie, la musique et bien sûr l’architecture – reflète, à travers les images qu’il met en scène, tout un monde utopique et microcosmique que sous-tendent des courants philosophiques et culturels.

Le regain d’intérêt pour le jardin se manifeste notamment dans l’engouement à l’égard des journées de plantes et des festivals de jardins. Le domaine du Château de Chaumont-sur-Loire, qui vient d’inaugurer un nouveau parc redessiné par Louis Benech, met la Chine à l’honneur. Un premier jardin pérenne, qui se réfère à Tao Yuanming (365-427) pour proposer un jardin d’inspiration lettrée, a été conçu par l’architecte Che Bing Chiu. A côté de ce jardin nommé « Hualu-Ermitage sur Loire », deux jardins éphémères ont été créés. Le premier a été imaginé par Wang Shu, prix Pritzker 2012, et le second, dessiné par le professeur Yu Kongjian, tous deux comptant parmi les plus importants paysagistes contemporains en Chine.

 Chaumont Hualu - CB

Architecte, enseignant à l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris La Villette, membre du Laboratoire « Architecture, Milieu, Paysage », Che Bing CHIU est le traducteur du Yuanye. Le traité du jardin (1634), et l’auteur d’un ouvrage de référence sur l’ancien Palais d’Eté : Yuanming yuan. Le jardin de la Clarté parfaite. La dernière publication de Che Bing Chiu, Jardins de Chine ou la quête du paradis, parue en octobre 2010, a été distinguée par le Prix Redouté (2011) et le Prix René Péchère (2012). Il est le concepteur du jardin chinois pérenne au Domaine de Chaumont-sur-Loire, il y a également assuré la maîtrise d’œuvre déléguée des jardins chinois éphémères.

Une conférence de Che Bing CHIU

Le mercredi 26 mars 2014 à 18h30

L’Institut municipal : 9 rue du Musée – 49100 Angers

Conférence gratuite ouverte à tous les publics.

Dix oeuvres chinoises à découvrir au Musée des Beaux-Arts d’Angers

Les collections du Musée Pincé d’Angers – actuellement fermé au public pour travaux – comptent des œuvres chinoises de grande qualité qui sont exceptionnellement présentées au public dans les espaces de la collection permanente du Musée des Beaux-Arts d’Angers jusqu’au 18 mai 2014.

Repose-tête
Dynastie des Song du Nord (960-1126)
Hauteur : 14,5 cm ; Longueur : 28,5 cm
Grès à engobe noir et blanc et à glaçure verte

mtc8968Autrefois en Chine, les coiffures, très sophistiquées, n’étaient pas refaites tous les jours. Pour pouvoir les maintenir en place, les femmes et les hommes dormaient en plaçant leur cou sur un repose-tête en matière dure, en métal ou, comme c’est le cas ici, en céramique. Ces oreillers apparaissent sous les Han occidentaux (206 avant J.-C. – 24 apr. J.-C.), mais leur production se développe surtout sous les Tang où ils prennent des formes très variées.

 

Oreiller à décor d’enfant au canard
Dynastie Song (960-1279)
Hauteur : 12,5 cm ; Longueur : 31 cm ; Largeur : 22 cm
Grès

mtc8840aA contrario, sous les Song, les formes de ces oreillers se répartissent strictement selon leur usage rituel : d’une part pour les vivants, d’autre part pour les morts (placés dans les tombes). Ces oreillers peuvent se présenter sous une forme zoomorphe, anthropomorphe, ou, plus simplement, géométrique. Ces céramiques étaient abondamment décorées de motifs figuratifs ou décoratifs  comme en témoigne cet autre repose-tête Song, orné d’un décor d’enfant jouant avec un canard.

 

Jarre funéraire
Période néolithique, culture de Majiayao (province du Gansu),
phase de Banshan (vers 2800 – 2500 av. J.-C.)

Hauteur : 31 cm ; Diamètre : 32 cm
Terre cuite, décor peint

mtc8763L’étude des céramiques permet de connaître davantage les principales phases du néolithique chinois, et ainsi de mieux mettre en avant l’extrême diversité des terroirs, autrefois ignorée. A ce titre, la jarre du musée Pincé constitue un précieux témoignage de ces premières cultures chinoises. Cette céramique est tout à fait représentative de la production néolithique de la culture de Majiayao, dans la province de Gansu (autour de 2500 av. J.-C.), le long du bassin supérieur du Fleuve Jaune. Il semblerait que ces jarres aient été conçues pour jouer le rôle de mobilier funéraire.

Chameau agenouillé
Epoque Wei (Ve siècle)
Hauteur : 17 cm ; Longueur : 22 cm
Terre cuite, traces de polychromie

mtc8410Contrairement au cheval, en usage depuis très longtemps en Chine, le chameau est le signe des voyages et des échanges. Il est donc un symbole de luxe. En effet, cet animal restait un élément essentiel dans le transport de toutes sortes de produits exotiques. C’est probablement à ce titre que des substituts funéraires (mingqi) à leur image accompagnaient les riches défunts dans leur dernière demeure, comme pour affirmer leur rang même après leur mort.

 

Modèle de char,
IIIe-IVe siècle (?)
Hauteur : 20 cm ; Longueur : 31 cm
Terre cuite

mtc9014Au début de notre ère, les Han (206 avant J.-C. – 220 apr. J.-C.) utilisaient le plus souvent un char attelé à un seul cheval. Ce moyen de déplacement restait réservé aux gens de condition élevée. C’est la raison pour laquelle nous en retrouvons des reproductions « miniatures », substituts funéraires (mingqi), en contexte archéologique, dans des tombes d’aristocrates. Ce n’est seulement qu’autour des IIIe-IVe siècles que le char à bœuf commence à être utilisé pour le transport des personnes. C’est de cette typologie dont rend compte cette pièce élégante.

Modèle de four
Dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.)
Hauteur 12 cm ; Longueur : 28 cm ; Largeur : 22 cm
Terre cuite à glaçure

MTC_8953Ce modèle réduit de four a été retrouvé en contexte funéraire. Les mingqi devinrent courants en Chine dès l’époque des « Royaumes Combattants » (480-222 avant notre ère). Ces substituts funéraires pouvaient prendre la forme d’un homme, d’un animal, d’une architecture ou de tout objet de la vie quotidienne. En bois ou en terre cuite, ils furent produits pour mettre fin à la tradition qui consistait, lorsqu’un haut dignitaire mourait, à enterrer ses serviteurs avec lui (dynastie des Shang, 1600-1100 avant notre ère).

 

Plat
Dynastie Ming (XVIe siècle)
Hauteur : 9 cm ; Diamètre : 45,5 cm
Céramique glaçurée

mtc8914Le terme « céladon » désigne un grès à couverte à base d’oxyde de fer, d’une couleur impossible à définir, entre le bleu et le vert (qing en chinois). Un engouement pour le bleu-vert saisit les amateurs de céramiques dès la fin du Xe siècle, mais la production de telles pièces ne s’est pas cantonnée à la période Song (960-1279). En effet, sous les Ming au XIVe siècle, la création des potiers a été stimulée par le décret de 1369, stipulant l’autorisation de l’usage de récipients en porcelaine pour les rites officiels, rompant avec la tradition ancestrale qui prônait l’utilisation  du métal.

Aiguière
Début de la dynastie Tang (VIIe siècle)
Hauteur : 27 cm ; Diamètre : 13,5 cm
Grès blanc à couverte transparente

mtc8965En chinois, on distingue, dès l’Antiquité, deux grandes sortes de poteries (qui existent déjà sous les Zhou, 1100-221 avant notre ère) : les céramiques glaçurées (ci), imperméables, et les autres, de simples terres cuites (tao). Dès l’époque des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), les potiers savent sélectionner et préparer leurs terres, et contrôler minutieusement leur cuisson.

Le musée Pincé conserve dans ses collections de très beaux exemples de céramiques glaçurées, comme cette remarquable pièce. Il s’agit d’une aiguière à col et embouchure tréflée. La panse arrondie présente une ligne élégante. Elle est surmontée d’un col étroit, qui s’épanouit à ses extrémités.

 

 

Vase amphore à deux anses en forme de dragon
Dynastie Tang (618-907)
Hauteur : 31 cm ; Diamètre : 14,5 cm
Terre cuite (céramique)

mtc8986aLes verseuses dites « à tête de coq » sont apparues sous les Jin (265-420). Sous les Sui (581-618) et sous les Tang (618-907), la forme de ces aiguières s’est allongée, le col est plus haut, ce qui a entrainé une élévation de l’anse. Dans certains modèles, la poignée prend la forme d’une tête de dragon à son extrémité, qui mord nerveusement le bord de la coupe. On trouve aussi des vases à anses en forme de dragon comme en témoigne ce modèle exposé.

 

 

 

 

 

Brique de chambre funéraire
Dynastie Han (IIe siècle av. J.-C. – IIe siècle ap. J.-C.)
Longueur : 128 cm ; Hauteur : 35 cm ; Ep. : 16 cm
Terre grise, décor estampé

mtc8987Dès l’époque des Han (206 avant J.-C. – 220 apr. J.-C.), la sépulture est comprise comme une maison dans laquelle le défunt attend son passage définitif dans l’autre monde. Durant cet état de « latence », il poursuit une existence similaire à sa vie terrestre : il lui faut donc dans cette nouvelle « résidence » un mobilier et des décors en conséquence. C’est ce dont rend compte cette remarquable brique estampée. Les grandes briques creuses estampées de ce type tapissaient les parois intérieures ou servaient de linteaux au-dessus des portes intérieures de certaines tombes.

 

Toutes les œuvres sont visibles au Musée des Beaux Arts d’Angers jusqu’au 18 mai 2014.
Adresse : 14, rue du Musée, Angers
Tél : 02 41 05 38 00
Horaires d’ouverture: du mardi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h

Crédits : © Musées d’Angers, photo P. David
Sauf le « Modèle de Four » : © Musées d’Angers, cliché Evers.

En collaboration avec les équipes des Musées d’Angers.